mercredi 3 avril 2013

KILL KILL BANG BANG!



Nettoyage à sec


Ce long métrage réalisé par Antoine Fuqua (Training day, L’élite de Brooklyn) envoie du bois brut de décoffrage. Et c’est peu de le dire. Un mouvement terroriste nord-coréen ose prendre en otage la maison blanche lors d’une prétendue visite officielle de la délégation sud-coréenne à Washington. Qui s’y frotte, s’y pique. Mike Banning (Gérard Butler), ancien garde du corps du président des Etats-Unis, reprend du service pour laver son honneur en tâchant les chemises de ses ennemis d’un rouge écarlate impossible à ravoir en machine. La fausse rencontre diplomatique se terminera dans un bain de sang aux effluves de gravas. Ainsi tombent, tombent, tombent les méchants très malhonnêtes. Au sein d’une distribution cossue, Morgan Freeman et Angela Bassett assure le minimum syndical dans des seconds rôles taillés sur mesure. Aaron Eckhart apporte sa crédibilité dans le rôle de Benjamin Asher, président téméraire qui ne craint pas les bleus ni les mauvais coups de ses tortionnaires. Ici, le beau Gégé la mitraille bouche en biais, muscles saillants, héroïsme chevillé au corps, index crochu sur la gâchette de son Beretta, relègue au second rang Stallone et Willis. Les papys flingueurs n’ont pas dit leur dernier mot et entendent bien cotiser de nombreuses années en damant le pion aux vilains de cette planète. Dans mes lointains souvenirs, la presse avait rudement critiqué Rambo 2 pour son excès de violence. Ici, vous avez 98 morts en 10 minutes. Les balles fusent tous azimuts, on fonce dans le tas coute que coute et au bout du compte, les morts s’amoncellent.

La mise en scène honnête de ce blockbuster printanier aux effets spectaculaires et aux acteurs de première classe nous entraine dans ce tourbillon programmé à l’avance. Malgré des dialogues faciles et des scènes prémâchées, on gobe et on digère.

Au générique de fin, l’Amérique à terre se relève plus forte et plus unie (comme toujours). Le paradoxe du titre me fait sourire puisque ce manichéisme exacerbé par des clichés superflus frôle l’ennui. Je conseille ce film d’action 100% adrénaline aux amateurs de « pan pan t’es mort » et des éloges sempiternelles d’une nation qui en prend plein la tronche depuis « Independance day » jusqu’à la tragédie du 11 septembre 2001. Au pied de la résidence dévastée, la bannière étoilée flotte dans la mémoire des défunts et s’ouvre vers un monde meilleur. Tu parles Charles.


Hervé Gaudin.

mardi 12 février 2013

THEÂTRE


  
Zazous dans le métro*


Que celui qui n’a jamais été bloqué dans un endroit sordide et obscur me jette la première pierre !

Dans cette pièce originale créée par la troupe du Championnet Loisirs et mise en scène par Françoise Kovacic, sept personnages d'origine et culture diamétralement opposées restent enfermés dans une station de métro suite à un éboulement. Par dépit, ils devront unir leur force mentale et physique pour s’échapper d’un drôle de guêpier.

D'entrée de jeu, le spectateur est lui aussi pris au piège du souterrain qui mène à cette fameuse station Marie Curie. Pourquoi avoir choisi le patronyme de la plus célèbre physicienne du 20ème siècle? Y'a-t-il un rapport étroitement lié au sort de nos compagnons d'infortune? Je sens bouillir votre impatience telle une marmite de soupe aux légumes croquants un soir d'hiver dans les Alpages.
Je ne dévoilerai rien. Pas plus que l'épilogue génial que le plus grand des experts de la police scientifique n'aurait pu déceler.
Au cœur de l'intrigue, notre imagination est ballottée, malmenée, secouée au rythme de dialogues pétulants.
La mise en scène est orchestrée efficacement alternant jeux de scène cadencés et pauses logiques, nécessaires à la bonne marche de l’histoire.
Dans une distribution parfaitement repartie, un panel de notre société y est représenté: Jean-François, un moine franciscain à la chrétienté parfois discutable. Joshua, un cadre dynamique fort de son arrogance  et de ses multiples conquêtes féminines. Lola, la bimbo sotte mais sensible. Julie, vieille prostituée sur le retour qui n'embête personne. Elle incarne le mouton de Panurge de l'histoire. Bonne à rien mais prête à tout.
Marie-Constance, incarne la bourgeoise pas si coincée, mère de quatre enfants qui n'hésite pas à se mettre au service de l'équipe. Elle ressemble à peu de chose près au personnage de Madame Le Quesnoy dans « La vie est un long fleuve tranquille » d’Etienne Chatiliez. Purple Rain, fanatique maladive du chanteur Philippe Katerine, ne jure que par lui. Loufoque, j’adore !
Angie, punk rebelle nous délecte de son comportement insupportable en cherchant des noises à tout le monde.

Au-delà de toute critique facile, il est toutefois insupportable (à mon sens) d'entendre parler de théâtre amateur car cette troupe regorge de vrais talents qui apportent une fraîcheur et une intelligence à toutes épreuves semblables à celles que traversent nos héros impuissants et querelleurs. J'aimerais vous y voir, coincés sur le quai désert d'un métro parisien avec une lumière pâle et un vieux distributeur à friandises presque vide qui n'accepte que les francs.

Par ailleurs, j'aimerais faire l'éloge de la première scène incroyablement réussie sur le plan du jeu et de l'atmosphère régnante. Hautement perchée sur son nuage d'ivoire, Arletty se donnerait à cœur joie de reprendre sa célèbre réplique dans un remake intitulé « drôle de rame ».
S'en suivent 45 minutes véritablement dignes d'une pièce de boulevard. Certes, vous n'y trouverez pas d'amants cachés dans le placard ni de portes claquantes mais la résonance d'un tuyau de fortune et les joutes verbales suffisent amplement à notre bonheur. Nous assistons à de vrais échanges dignes d'un match de tennis de table: ça fuse, ça torpille, ça asticote, ça balance tous azimuts. Parfois même ça cajole.
Puis, un silence pesant au milieu de l'histoire nous absorbe peu à peu en nous laissant proie au doute. On ne peut jamais prédire la suite. Encore moins la fin.
En quelques mots, je laisserai votre imagination jaillir comme une lave en fusion car le personnage de Ratatouille vous permet de trouver enfin la sortie de secours après 1h20 de palpitations et de rire.
Cette pièce vous conduit directement vers l’intrigue assurée. Elle suscite également des réflexions sur nos comportements humains lorsque nous sommes confrontés aussi bien à l'inattendu qu’au danger.
La descente vertigineuse dans ce sombre huis clos ne vous laissera pas de glace et vous conduira à l'enfer du décor.

Hervé Gaudin.


* Zazou : personnage un peu farfelu, tant par ses idées que par son aspect physique et sa mine.

lundi 11 février 2013

CESARS PAS CLASSES

Source: purepeople.fr



Le ch’ti n’est pas le bienvenu !

 Le 27 février 2009 aura lieu la 34ème cérémonie des César, secouée par un semblant de scandale médiatique.
Cette célébration sera probablement marquée par l’absence de Dany Boon qui n’a pas oublié de le crier sur les toits. Tel un cavalier surgissant hors de l’ennui servant la noble cause des acteurs comiques, il défend aussi bien son statut de nouvelle star que celui de ses prédécesseurs. Son cheval de bataille semble s’épuiser face à l’entêtement des organisateurs qui préfèrent se voiler les yeux face aux grands succès populaires de ces quinze dernières années. Par conséquent, ce boycott peut être considéré comme un snobisme avéré ou un réel désir de changer les choses.
 Dans ce milieu à l’égocentrisme exacerbé, y’aura-t-il une place réservée au rire? Ne privilégierait-il pas une tradition à couronner un cinéma dit sérieux?
Est-ce alors un caprice de star ou une résistance légitime face un jury hermétique à récompenser les comédies? Un employé de poste a-t-il moins de valeur qu’un Mesrine meurtrier haut en couleurs? Nous sommes en droit de nous poser ces questions mais je doute que l’issue de cette histoire trouve un dénouement aussi heureux que le séjour de Philippe Abrams en terre bergueneuse.

La route de la consécration semble très longue parfois vaine. Souvenez-vous que Bourvil n’a jamais bénéficié de la célèbre sculpture métallique ou que Louis de Funès n’a reçu qu’un César d’honneur. Le prix le plus précieux reste celui décerné par le public. En définitive, qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse.

Hervé Gaudin.

mardi 5 février 2013

THEÂTRE

source: billetReduc.com




Un jardin extraordinaire

Ma soirée du jeudi 24 mai avait des accents bucoliques au théâtre Théo. La troupe du Championnet Loisirs donnait leur deuxième représentation de la pièce « ça cause dans le jardin » d ‘après le récit « Fantaisies Microcosmiques et Potagères » de Stéphanie Tesson. La mise en scène de Florence Kovacic nous plonge alors dans un monde inexploré et fantaisiste. A 21h45 pétantes, ça papotait sec dans le jardin. Et de suite, ça m’a parlé.
Un décor pastel et semblable à l’univers idéaliste de Christophe Izard, père éternel de l’ile aux enfants, m’a donné envie de m’asseoir sur ce tapis verdoyant en écoutant crisser les ailes des insectes turbulents. Mais détrompez-vous, niaiseries et foutaises étaient mises de côté pour laisser place au verbe. Le vrai, le beau, le complexe, le burlesque, l’inattendu.  Un texte au sucre enrichi comme les multiples saveurs du miel qui enivre nos papilles d’enfants. En somme, les amoureux des mots seront flattés d’écouter ces bestioles alléchées revendiquer la souffrance de leur quotidien. Telle une peinture impressionniste, nous aurions pu appeler cette pièce de théâtre « le plaidoyer sur l’herbe ».
De la fourmi curieuse et pas si besogneuse que La Fontaine l’a décrite à l’araignée persécutée par le genre humain en passant par l’abeille exploitée, nous y trouvons notre place et en prenons pour notre grade. L’homme y est montré des pattes et piqué à vif. Les grands combats de notre société actuelle tels que le racisme, l’indifférence ou l’écologie y sont mentionnés explicitement. Les grandes interrogations philosophiques sur l’amour et la mort nous émeuvent à la toute dernière scène. Freud aurait probablement apprécié la métaphore « insectueuse » entre la libellule romantique et le hanneton machiste.
Pourquoi avoir choisi des insectes pour parler de nous, pauvres larves humaines, destinés à détruire ce qui nous entoure ? La réponse saute aux yeux: les insectes nous côtoient, nous survolent, participent à la beauté de nos jardins florissants et pourtant, nous les ignorons, les insultons, les condamnons, les asphyxions ou les tuons. Sans allégorie politique, ces insectes aimeraient que leur changement vienne maintenant! Au-delà de toute inspiration, la grande morale de ce récit est de mieux regarder les autres afin de mieux les comprendre.

Pour le moment, venez nombreuses et nombreux dans cet intime vase clos au cœur de ce jardin extraordinaire.
Après ce voyage en terre congrue, vous vous sentirez pousser des ailes. Pour ensuite vous envoler vers le plus merveilleux des mondes : celui de la tolérance.

Hervé Gaudin.

lundi 4 février 2013

LOOPER




Un beau loopé

Ce film est à la science fiction ce que le pudding anglais est à la pâtisserie: inutile. En 2044, Joe (Joseph Gordon Hewitt), tueur d'un genre nouveau nommé le looper (le boucleur) élimine, pour le compte de la Mafia agissant en 2074, des témoins gênants propulsés dans le passé grâce à une machine à remonter le temps. Plus concrètement, il finit le sale boulot en échange d'une rémunération généreuse en lingots d'argent.
Sa vie monotone de criminel toxicomane l’amène à se retrouver nez à nez avec lui-même (Bruce Willis) âgé de 30 ans de plus et surtout préoccupé par son avenir car un super vilain appelé le maître de pluies veut supprimer tous les loopers. Viennent se greffer les porte-flingues, sbires peu affectueux du chef pas très cool dans son genre.
Mais voilà, on imagine qu'ils feront copain copain mais que nenni: bien décidé à loger une dragée dans la tête du maître de pluies trente ans avant, le vieux Joe veut faire de vieux os. Pas de bol car c’est un petit garçon élevé au grain (de folie) dans une ferme paumée qu’il devra tuer.
Heureusement que sa jolie maman (Emily Blunt) se donnera cœur et âme pour le défendre avec l’aide bienveillante du looper amouraché de la veuve et fermement déterminé à empêcher un meurtre en milieu agricole façon Label rouge sang.
En définitive, Joseph Gordon Lewitt se comporte comme un méchant mais s’avère plutôt sympa. Bruce Willis est un faux gentil pas si méchant. En revanche, le petit garçon est complètement barge voire inquiétant (avec lui à la récré, tu ne partages pas ton goûter). Et les méchants qui gravitent autour sont par contre de vrais salopards.
Dans cette déception de fin d'année, il ne manquait que notre bon vieux Emmett Brown au volant de sa DeLorean prodiguant les bons conseils pour se balader avec allégresse dans le temps et le T1000, prototype dit indestructible bien plus effrayant avec son pistolet laser que nos héros de pacotille avec leur gros fusil en plastique. Même Flash Gordon était mieux outillé.
Looper ressemble à ce genre de films aux fins bâclées qui vous laissent sur votre faim. Le spectateur, bouché bée devant le générique se demande: "- oui, et alors?"
Si M. Night Shyamalan l'avait réalisé, je n'aurais été plus surpris. Certes vous trouverez de l'action, des bonhommes musclés, des coups de feu à foison, des douilles roulant au sol, du tatouage gravé sur l'épaule, un gros bisou avec la langue, des motos volantes ridicules mais du vide autour.
Contrairement à cette supercherie futuriste, Lucas, Scott, Spielberg, Lynch, Gilliam, Aronofsky  et autres cinéastes avisés offrent une SF pure et dure et nous transportent dans des univers improbables de vérité. Quand je regarde "Star Wars", "Blade Runner", "Brazil" ou "Minority Report", j'y crois. Et j'y croirai toujours et encore.
Bref, "c'est une entourloupe vraiment loupée.

Hervé Gaudin.

HOMMAGE (20 août 2012)



Gloomy wings


Ma nostalgie fut chahutée à l’annonce de sa disparition. Le réalisateur américain Tony Scott s’est donné la mort dimanche à 12h30 en se jetant depuis le pont Vincent Thomas Bridge à San Pedro. Une simple lettre laissée dans sa voiture comme le plus sordide des scénarios. Portées par un talent et une renommée incontestés, ses ailes élancées se sont aussitôt assombries au cours de son dernier envol.
Couronné de nombreux succès comme Top Gun, True romance, USS Alabama ou Ennemi d’état, il révéla et consacra de nombreux talents.
En premier lieu Tom Cruise, tête brûlée moderne de l’école navale, a fait chavirer nos cœurs aux commandes de son F14 Tomcat en 1986.  Ce jeune surdoué a repris les commandes au volant de son bolide vrombissant au circuit de Daytona dans « Jours de tonnerre » (1990) et ses innombrables virages serrés à 360 degrés l’ont propulsé au rang de star mondiale.
Nicole Kidman, sa partenaire du moment y a d’ailleurs trouvé le succès et l’amour. Au gré de ses choix périlleux, Tony Scott savait changer de style et nous étonner à chaque long métrage en modulant les genres, risquant d’alterner le bon et plus récemment le moins bon, les gros succès au box-office ou les rares échecs commerciaux. Spectateur assidu, je laisse volontiers de côté la dernière partie de son œuvre où « Domino » et « Déjà vu » s'avèrent particulièrement décevants. Malgré les maigres critiques que je puisse compter sur mes dix doigts, il savait nous raconter une histoire et nous plonger dans une atmosphère aussi tordue soit-elle. Ses héros avaient de la gueule et envoyaient du bois.
Au cours de sa carrière bien remplie, sa conception du cinéma quelque peu sophistiquée lui permettra de s’asseoir au rang des grands réalisateurs de film d’action. Avec lui, pas de chichis mais du bruit. Ce n’est pas anodin si Jerry Bruckheimer, papa du blockbuster à cent à l’heure, deviendra son producteur attitré.
Par dessus tout, son œil visionnaire savait reconnaître les jeunes pousses en devenir : Val Kilmer, Christian Slater, Will Smith, Kelly Mc Gillis, Meg Ryan ou Patricia Arquette (entre autres) peuvent lui dire merci.
C’est bien plus tard qu’il décida de choisir des personnalités reconnues tels que Brad Pitt et Robert Redford dans «  Spy Game » (2001). Comme son nom l’indique, ce film d’espionnage ambitieux de par son casting s’en est sorti correctement même s’il n’est pas inscrit au Panthéon du genre.
Peu importe, il se rattrapera trois années plus tard avec l’immense « Man on fire » avec le non moins génialissime Denzel Washington qu’il fera tourner cinq fois au total. C’est dans ce film impérieux que la jeune Dakota Fanning fit une entrée remarquée dans le tourbillon des gloires naissantes.
Outre le plaisir des yeux, l’oreille conserve une importance cruciale pour le frère cadet de Ridley Scott (Alien, Blade Runner, Kingdom of heaven). Les bandes originales donnent une véritable ampleur affective à ses films : Danger Zone, Take my breath away (Top gun) et I want your sex (Le flic de Beverly Hills 2) jaillissent comme une braise rougeoyante au fond d’une cheminée. Entre rock et glamour, ces thèmes ravivent nos mémoires tressaillantes et nos désirs les plus enfouis. Pour l’anecdote, Tony Scott avait réalisé le clip de la chanson « One more try » de George Michael. On y retrouve une photographie monochromatique dans une ambiance tamisée. D’un point de vue personnel, la maitrise de la lumière est identique à celle prodiguée dans certaines scènes des films comme « Le Dernier samaritain » (1991) ou « True romance » (1993) où Hans Zimmer avait apporté sa brillante collaboration musicale.
Avant toute chose, n’oublions pas que son premier film « Les prédateurs » (1983) semait le trouble dans le milieu de l’épouvante. Le climat déroutant et limpide comme une saignée à la jugulaire lui prédisait un avenir prometteur grâce à un savoir-faire dont lui seul avait le secret. Dans une distribution audacieuse, Deneuve, Sarandon et Bowie formaient un trio absolument divin. Une ambiance laminée en rouge si lointaine de notre génération Twilight. Scott soignait ses vampires à sa méthode « couic « sans nous laisser de marbre.
Fidèle à ses acteurs, à ses envies, à sa passion du métier, ce réalisateur a rejoint le firmament du 3ème art où l’émotion garde sa place si chère à mon cœur d’adolescent repenti mais toujours épris de sensation forte dans un road movie démesuré, un duel aérien ou une bataille sous-marine.
Salut l’artiste !

Hervé Gaudin.

* le titre Gloomy wings (les ailes sombres) fait référence à la chanson Mighty wings (les ailes du combat) figurant dans la BO du film Top Gun, son premier grand succès au box office américain.


mercredi 23 janvier 2013

CONFESSIONS D'UNE ACCRO DU SHOPPING

Source: zoom-cine.fr

LA FILLE AU FOULARD VERT


Une fois n’est pas coutume, l’Amérique a lancé une torpille mi-niaise mi-glamour dans le monde du cinéma où la grosse pomme new-yorkaise a encore servi de décor à une histoire vue, revue et corrigée.

Rebecca Bloomwood, ravissante rouquine aux formes superbes, ne peut contrôler ses pulsions de consommatrice acharnée. Elle ne résiste jamais aux boutiques de luxe qui lui font les yeux doux et dégaine sans vergogne ses nombreuses cartes de crédit tel un pistolero mitraillant une armée de mercenaires mexicains. Malheureusement ses achats compulsifs vont plonger ses dettes dans un gouffre vertigineux.
Sa fièvre acheteuse contaminera sa vie privée puis, rapidement harcelée par un agent de recouvrement prêt à tout pour récupérer les œufs d’un panier trop garni, elle utilisera mille et un subterfuges pour fuir une réalité qui la rattrapera tôt ou tard. L’ironie du sort la conduira à devenir journaliste dans un magazine financier afin de combler son découvert phénoménal.

Le producteur Jerry Bruckheimer (Armageddon, Pirates des Caraïbes) a délaissé les héros musclés pour se pencher sur la gente féminine absorbée par des foules volcaniques à l’entrée des magasins, dévorée par l’envie de se jeter sur la moindre étiquette soldée et enfin soulagée par ce moment ultime où elle serre dans son poing l’anse d’un sac Prada ou Gucci. Comme un regard sur la femme moderne rassurée par le sentiment de bien-être après une emplette réussie. J’achète donc je suis.
Ce film, à mi-chemin entre « la revanche d’une blonde » et « le diable s’habille en Prada », ne remplit pas complètement sa mission; celle de nous divertir tout en évoquant un réel problème de société. Le paradoxe de la journaliste qualifiée et empotée manque de crédibilité. Qui peut imaginer Paris Hilton briller dans un magazine financier? A mon humble avis, personne. Concernant les seconds rôles, Kristin Scott Thomas en pâle copie de Meryl Streep, casse un ressort déjà usé et n’apporte rien à l’histoire.
Toutefois, l’actrice principale Isla Fisher est tellement attachante que l’on pardonne ses frasques grotesques et son personnage d’adorable sotte.

Sans tomber dans le mélodrame ou le documentaire télévisé, j’aurais préféré une histoire plus en retenue en traitant en profondeur le malheur des acheteurs compulsifs à travers leur boulimie dépensière. Toute la partie consacrée au journal « Réussir son épargne » n’est qu’une excuse du réalisateur pour glisser des situations farfelues sans grande portée comique. Les séances de thérapie de groupe auraient gagnées à être appuyées dans le but d’apporter une densité humoristique ou caricaturale.

Le film aurait dû nous plonger davantage dans ce monde impitoyable de la consommation à outrance, aux reflets détestables de toutes les vitrines aguicheuses et surtout à ses conséquences désastreuses. Avec une pointe de cynisme et d’objectivité, le spectateur en sortirait plus inspiré.

Cependant, sans croupir dans le cliché abominable de l’avare agrippé à sa précieuse cassette, « confessions d’une accroc du shopping » est une nouvelle soupe lyophilisée dans la gamme des produits néo-romantiques destiné à nous montrer les affres de l’achat à outrance. Mais l’effet inverse se produit car en sortant de la salle obscure, je n’ai eu qu’une envie: dévaliser les boutiques de mon centre commercial et faire chauffer ma carte bancaire.


Hervé Gaudin.

MILLENIUM


Source; allocine.fr
SO SWEDISH!

Une disparition mystérieuse de quarante ans d’âge est le noyau d’un fruit véreux tombé de l’arbre généalogique de la famille Vanger.
Récemment brisé par la perte d’un procès pour diffamation, Michael Blomkvist, rédacteur en chef du journal Millénium est engagé par le riche industriel Henrik Vanger pour retrouver sa nièce disparue depuis quatre décennies. Associé par la force des choses à Lisbeth Salander, une hackeuse gothique torturée par un passé douloureux, il sera confronté à une enquête aussi difficile que dangereuse.
Malgré leurs caractères diamétralement opposés, ils réuniront leurs compétences pour découvrir une sinistre vérité.

L’intrigue nous plonge dans une atmosphère froide comme les paysages enneigés d’une île suédoise où des personnages inquiétants s’adonnent au jeu des secrets. Sensiblement proche de l'univers cloisonné d'Agatha Christie, ce film ressemble à une partie de Cluedo glaciale et glaçante. Chaque personnage devient alors un suspect potentiel. Chaque porte ouverte donne lieu à des énigmes. Les dés jetés au dénouement final nous laissent partiellement indemnes.

Cette adaptation du célèbre roman de Stieg Larsson est assez bien ficelée et se détache du carcan habituel américanisé. Le réalisateur danois Niels Arden Oplev apporte sa touche personnelle, alterne les plans larges et rapprochés sans jamais laisser le spectateur à l’abandon et surtout le désorienter. Un certain mal être perdure du début jusqu’à la fin.
Ce thriller à la mode scandinave se distingue aussi par des acteurs convaincants et une mise en scène simple. La belle prestation de Noomi Rapace (Lisbeth Salander) ajoute un charme épineux et une vraie crédibilité au film. Sans conteste, elle vole la vedette à Michael Niqvist (Michael Blomkvist) et s’impose comme premier rôle.

Laissez-vous alors entraîner dans ce tourbillon étrangement subtil. Millénium est un bon millésime.

Hervé Gaudin.

TRANSFORMERS 2

Source: Premiere.fr

T’as beau être Autobot


Un beau gosse érigé en sauveur du monde, une motarde amoureuse, un étudiant peureux, des robots revanchards sont les fils conducteurs du nouveau blockbuster outre-Atlantique qui inonde nos écrans depuis le 24 juin dernier.
Mégatron, repêché du plus profond des abysses, décide de prendre le pouvoir sur le genre humain sous le commandement d’un des derniers Primes survivants, The Fallen, avide de revanche sur les Autobots inscrits au catalogue de leurs ennemis intimes.
Pressentant la menace approcher à grands pas, Optimus Prime, leader spirituel et vénéré des gentils robots, appellera Sam Witwicky (Shia LaBeouf) fraîchement arrivé dans son campus universitaire. Secondé par sa petite amie Mikaela (Mégane Fox) et affublé d’un hacker novice un tantinet poltron, il se jettera corps et âmes dans les griffes affutées des Decepticons bien décidés à mettre fin à ce combat ancestral.
Machines roulantes et volantes vont se livrer une guerre impitoyable, une lutte sans merci à faire pâlir Wall-E ou rouiller Terminator au fond d’une casse automobile.
Michael Bay (Pearl Harbor, Massacre à la Tronçonneuse) ne peut s’empêcher de brouiller les pistes en nous étouffant d’effets spéciaux à outrance qui nous font presque oublier le flamboyant camion customisé au début du film et la force de frappe d’un Bumblebee, superbe camaro jaune, compagnon fidèle de Sam. L’envie ambitieuse de nous éblouir donne une impression de fouillis métallique, notamment lors de la scène dans le désert égyptien où les Decepticons s’unissent pour ne former qu’un robot gigantesque dont l’apparence imite celle d’une caisse à outils. Trop de robots tuent le robot! De plus, l’armée se mêle aux hostilités sachant  que les soldats devraient logiquement être écrasés comme des punaises sur un poster froissé. La mayonnaise ne prend pas et le film tourne au fiasco complet.
Au final, il tente désespérément de glisser une émotion lacrymale dans un dialogue atterrant que seules les midinettes célibataires apprécieront. La belle héroïne trouvera l’ultime satisfaction dans un baiser langoureux empaqueté dans un « je t’aime » pathétique.

Quelques lourdeurs inutiles viennent se greffer à une histoire bien trop longue tutoyant l’ennui avant un dénouement évident. Fidèle client du dessin animé, je regrette amèrement la mauvaise utilisation de Megatron relégué au second plan dont les apparitions se font rares et sans grande envergure. Les amateurs de la série télévisée ne retrouveront pas les voltiges aériennes des avions de chasse ainsi que les course-poursuites des bolides aux moteurs vrombissants.
Transformers 2 déçoit par sa longueur, son remplissage accessoire malgré des effets visuels prodigieux. Une suite est envisageable mais gare au scénario! T’as beau être autobot, monde oxydé…

Hervé Gaudin.

VERY BAD TRIP

Source; allocine.fr

RECHERCHE DOUG DESESPEREMENT

Phil, Stu et Alan, copains d’infortune, devront creuser au plus profond de leurs souvenirs égarés pour retrouver leur ami Doug, futur jeune marié mystérieusement disparu après une soirée trop bien arrosée pendant l’enterrement de sa vie de garçon.
Depuis le toit du Caesar Palace Hotel, ils découvriront un visage peu réjouissant de Las Vegas, ville de tous les pêchés et berceau éclairé de nombreuses situations inattendues.

Sous la houlette de Todd Philipps, cette comédie estivale est une bouffée d’air fraîche mêlant la folie des personnages et des situations politiquement incorrectes qui nous font oublier la rigidité permanente de la société américaine. Une mention spéciale pour Zach Galifianakis en beau-frère déjanté, naïf et de surcroît obsédé sexuel qui rythme l’intrigue par des dialogues explosifs. Dans ce casting disparate très bien choisi, nous retrouvons Bradley Cooper (Alias, Yes man) en playboy roublard, Ed Helms (The Office, Appelez-moi Dave) en dentiste vampirisé par sa concubine autoritaire et enfin, Justin Bartha (Benjamin Gates), le fameux époux porté disparu. La courte apparition d’Heather Graham (Twin Peaks, Boogie Nights, From Hell) apporte une touche abile de tendresse et de légèreté au milieu de ce trio loufoque dévergondé.
Dans la mouvance des films pour adolescents délurés tels qu’American Pie, Sexy Academy ou plus consistants comme "40 ans toujours puceau" avec l’ineffable Steve Carrell, VERY BAD TRIP (The Hangover dans sa version originale) vous entraînera dans les sphères virevoltantes d’un humour savoureux et peu recommandable aux amateurs de finesse intellectuelle. Cette virée démente vous enivre comme un verre glacé de Chivas et vous étourdit comme la roulette métallique du Bellagio.
Nous pouvons d’ores et déjà nous réjouir de quelques scènes déjà cultes comme les gestes masturbatoires d’un nouveau-né au petit déjeuner ou la séquence légendaire de la partie de blackjack dans Rain Man revisitée pour notre plus grand plaisir.
Sans aucune retenue, venez partager leur gueule de bois collective qui ne vous laissera pas de marbre car ces joyeux drilles sont réunis à l’écran pour le meilleur et pour le rire. Alors, amateurs du genre, faites vos jeux!

Hervé Gaudin.

ERREUR DE LA BANQUE EN VOTRE FAVEUR

Source; Premiere.fr

La Bourse ou l’envie


Julien Foucault, maître d’hôtel de la prestigieuse banque d’affaires Berthin-Schwartz, apprend son licenciement après 17 ans de bons et loyaux services. Peu motivé par la quête d'un nouvel emploi, il décide de réaliser son rêve: ouvrir un restaurant. Il propose alors à son ami Etienne, chef cuisinier dans une brasserie, de s'associer à lui. Mais en ce temps de crise financière, les banques, guère prêteuses, se révèlent plus fourmis que cigales. Par une méthode peu orthodoxe mais très efficace, Julien Foucault épie les conversations privées de son patron concernant les meilleurs placements boursiers afin de s’enrichir personnellement.
Malheureusement, ce secret sera rapidement transformé en bouche-à-oreille dans tout un quartier enthousiasmé par ce nouveau messie de la Bourse. C’est alors que les ennuis vont commencer…
Les délits d’initiés, les malversations de cours et les spéculations immobilières deviendront les fers de lance d’une comédie efficace et rafraîchissante en cette période difficile que nous traversons. Un scénario très bien ficelé, des dialogues soigneusement écrits et des acteurs plus que convaincants entraînent  le spectateur dans une pirouette désopilante. Nous ne pouvons éviter le charme irrésistible de Barbara Shulz ainsi que le cynisme redoutable de Philippe Magnan en PDG débordant d’antipathie. Sans oublier le duo Lanvin-Darroussin qui nous permet de croire en ce nouveau dicton: bien mal acquis profite souvent.
Au générique de fin, une réflexion s’impose: la réalité est-elle pire que la fiction décrite en 1h38 minutes? Je pense que oui. A vous d’en juger.

Hervé Gaudin.

INCOGNITO

Source: zoom-cinema.fr

Cache-cash party
Luka (Bénabar), contrôleur à la RATP, n’est guère satisfait de sa condition professionnelle et rêve de mieux dans le monde de la musique qu’il a tutoyé avec son ancien groupe Orly Sud. Son quotidien ne serait pas si pénible si Francis (Franck Dubosc), un artiste raté, collant et pique-assiette, ne jouait pas le rôle du colocataire profiteur depuis dix ans. Un beau jour, en plein rangement, Luka trouve un carnet de chansons  appartenant à son ancien bassiste Thomas (Jocelyn Quivrin) visiblement disparu dans les brumes de Hambourg. Soudain, c’est la révélation. Luka utilise les textes à son profit puis gravit rapidement les échelons de la notoriété avec tous les avantages en prime. Gloire et richesse deviennent les mamelles d’un destin bousculé le jour où Thomas, de passage à Paris, réapparaît par hasard sur un escalator de la Gare du Nord et envisage de passer trois jours avec lui.
C’est alors l’ascenseur pour l’incognito. Pendant trois jours, Luka essaiera de lui cacher son véritable statut de star en jouant une personne lambda. Malgré la complicité de Francis plus maladroit que serviable, les difficultés vont s’enchaîner.
Incognito se range dans la case des comédies populaires sans toutefois déclencher de grands éclats de rire. Certains bons dialogues n’effacent pas le jeu lassant de Franck Dubosc dans son costume usé de bon copain naïf, ganache et casse-pieds. Quand cessera-t-on de nous servir les mêmes plats réchauffés et sans saveur? Un vrai rôle de composition ne suffit pas et j’aimerais goûter au plaisir de le voir interpréter un vrai rôle d’acteur. Le temps de Disco et autres petites annonces est révolu; il faudra bien vous mettre au travail mon cher Dubosc, n’est-ce pas?
Mon indulgence envers Bénabar sera plus mesurée car ses débuts sont encourageants bien que sa voix monocorde ressemble à celle de ses prestations vocales. Pour ma part, il reste simplement interprète.
Enfin, la chaleur du sourire d’Anne Marivin (« Bienvenue chez les ch’tis », « Pur week-end »)  et le charme séduisant de Jocelyn Quivrin (« Notre univers impitoyable », « LOL ») ajoutent à cette comédie honnête une fraîcheur pré-estivale.
Ce film m’a également permis de retrouver Gérard Loussine, le souffre-douleur de Pinot Simple flic trop rarement utilisé au cinéma et à la télévision.
Pour les inconditionnels du rire facile, je les invite à découvrir ce film qui, comme son nom l’indique, restera probablement incognito dans les annales du cinéma.

Hervé Gaudin.

LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE


Source: fan-de-cinema.com
Tombés dans le panneau!


Sous l’œil expert du maître du genre, Wes Craven produit en 2009  le remake de son propre film « la dernière maison sur la gauche » sorti pour la première fois en 1972. La nouvelle affiche très sombre de ce long métrage réalisé par Dennis Iliadis donne l’eau à la bouche. Lointaine cousine d’Amityville, cette maison de vacances située au bord d’un lac n’en demeure pas moins le lieu d’une vengeance implacable; en l’occurrence celle d’un couple qui a recueilli, en toute ignorance, les tortionnaires de leur propre fille chérie. Enlevée par une bande de criminels dotés d’un sens aigu de la perversité et du sadisme sexuel, la jeune Mari Collinwood réussira, saine et sauve, à retrouver ses parents par un miracle que seuls les dieux du frisson connaissent. Découvrant l’horreur de la vérité, l’hospitalité va tourner au vinaigre. Les bourreaux connaîtront les joies de la danse des couteaux aiguisés, du tisonnier agité et autres ustensiles métalliques. Un vieux diction s’y colle parfaitement: parents énervés, hémoglobine assurée!
Comme la plupart des thrillers actuels, je regrette certaines scènes trop rapides ou des mouvements de caméra trop brusques. On ne laisse pas le spectateur jouir d’une ambiance trop vite balayée. L’intrigue perd alors de sa valeur et commence à s’étioler dans la deuxième partie du film. Quelques invraisemblances qui hérissent mon duvet juvénile mènent à une fin tout aussi absurde qu’expéditive. Dites-moi comment peut-on faire fonctionner un micro-ondes en laissant la porte ouverte? J’ai d’autant plus de regrets que l’excellent Garret Dillahunt (« Deadwood », « L’assassinat de Jessie James par le lâche Robert Ford » ou « No country for old men ») en chef de bande abject méritait une mort beaucoup plus subtile et atroce.
La fin ne justifie pas toujours les moyens et suffit à gâcher un film, qui, jusque là tenait encore la route. Une petite route où figure un panneau éloquent dont il fallait se méfier de l’inscription: Lake ends in the road (le lac prend fin ici).
A bon trucideur, salut!

Hervé Gaudin. 

GRAN TORINO


Source; fan-de-cinema.com

Gran Torino, un grand Eastwood.

A l’annonce de la sortie de ce film en 2009, mes yeux pétillaient d’avance. Cette fois encore, ils n’ont pas été déçus. Campant un vieux retraité solitaire et associable retranché dans sa maison d’un quartier populaire de Détroit, Walt Kowalski alias Clint Eastwood, ne vit que pour sa belle Ford Torino qu’il bichonne depuis ses longues années d’usine. Très éloigné des escapades policières de Starsky et Hutch, ce film ne se réduit pas qu’à la carrosserie reluisante de cette superbe automobile mais raconte comment un vétéran de la guerre de Corée traumatisé par un passé douloureux, prendra sous ses ailes un jeune asiatique pris à parti par un gang de jeunes délinquants.
Dès le début, les premiers plans ont un effet immédiat sur le spectateur et le plongent dans son propre univers. Que ce soit pour Million Dollar Baby, Mystic River  ou L’échange, rien n’est laissé au hasard. Tous les personnages, même les plus infimes, sont essentiels et apportent à l’histoire une intensité croissante. En parallèle, la mise en scène est précise, nuancée et percutante nous guidant vers une fin aussi inattendue qu’émouvante. Nul doute que le génie cet acteur-réalisateur est de donner tant d’envergure à un scénario épuré alors que tant d’autres s’entêtent à des effets scéniques pour essayer de colmater les brèches d’intrigues ennuyeuses et indigentes.
Toutefois, certaines ressemblances avec l’inspecteur Harry dont le patriotisme, le sens du devoir et de la justice sont mises en exergue. Le personnage de Kowalski renoue avec le héros de polar à l’ancienne. Plus réfléchi, plus en proie au doute et la gâchette beaucoup plus timide que celle de Callahan.
Que ce soit devant ou derrière la caméra, Monsieur Eastwood nous fait croire aux histoires qu’il raconte. Rien que pour le plaisir des yeux, nous en demandons encore.

Hervé Gaudin.