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Un jardin extraordinaire
Ma
soirée du jeudi 24 mai avait des accents bucoliques au théâtre Théo. La troupe
du Championnet Loisirs donnait leur deuxième représentation de la pièce
« ça cause dans le jardin » d ‘après le récit « Fantaisies
Microcosmiques et Potagères » de Stéphanie Tesson. La mise en scène
de Florence Kovacic nous plonge alors dans un monde inexploré et fantaisiste. A
21h45 pétantes, ça papotait sec dans le jardin. Et de suite, ça m’a parlé.
Un
décor pastel et semblable à l’univers idéaliste de Christophe Izard, père
éternel de l’ile aux enfants, m’a donné envie de m’asseoir sur ce tapis
verdoyant en écoutant crisser les ailes des insectes turbulents. Mais
détrompez-vous, niaiseries et foutaises étaient mises de côté pour laisser
place au verbe. Le vrai, le beau, le complexe, le burlesque, l’inattendu. Un texte au sucre enrichi comme les
multiples saveurs du miel qui enivre nos papilles d’enfants. En somme, les
amoureux des mots seront flattés d’écouter ces bestioles alléchées revendiquer
la souffrance de leur quotidien. Telle une peinture impressionniste, nous
aurions pu appeler cette pièce de théâtre « le plaidoyer sur
l’herbe ».
De
la fourmi curieuse et pas si besogneuse que La Fontaine l’a décrite à
l’araignée persécutée par le genre humain en passant par l’abeille exploitée,
nous y trouvons notre place et en prenons pour notre grade. L’homme y est
montré des pattes et piqué à vif. Les grands combats de notre société actuelle
tels que le racisme, l’indifférence ou l’écologie y sont mentionnés
explicitement. Les grandes interrogations philosophiques sur l’amour et la mort
nous émeuvent à la toute dernière scène. Freud aurait probablement apprécié la
métaphore « insectueuse » entre la libellule romantique et le
hanneton machiste.
Pourquoi
avoir choisi des insectes pour parler de nous, pauvres larves humaines,
destinés à détruire ce qui nous entoure ? La réponse saute aux yeux: les
insectes nous côtoient, nous survolent, participent à la beauté de nos jardins
florissants et pourtant, nous les ignorons, les insultons, les condamnons, les asphyxions
ou les tuons. Sans allégorie politique, ces insectes aimeraient que leur
changement vienne maintenant! Au-delà de toute inspiration, la grande morale de
ce récit est de mieux regarder les autres afin de mieux les comprendre.
Pour
le moment, venez nombreuses et nombreux dans cet intime vase clos au cœur de ce
jardin extraordinaire.
Après ce voyage en terre congrue, vous vous sentirez pousser des ailes. Pour
ensuite vous envoler vers le plus merveilleux des mondes : celui de la
tolérance.
Hervé
Gaudin.
Très bonne idée Vévé, de publier cette chronique théatrale.
RépondreSupprimerPar ton style tu apportes du renouveau aux chroniques de ce genre.
Ne baisses pas les bras et continues de nous les faire partager comme tu le fais si bien.